Entretien avec Diamantino Par Ophélie Récanzone

D’origine portugaise, Diamantino Quintas est arrivé en France en 1983, à l’âge de 23 ans. Sa compétence résulte de 36 années d’expérience, débutées dans son village natal où il est très vite entré en contact avec des artisans.

Au cours d’un passage dans le laboratoire de Diamantino dans l’objectif d’obtenir un stage, j’ai eu l’occasion de l’interviewer. Entre L’odeur du révélateur et les bagarres des trois petits chats résidents du labo, il a accepté de répondre à mes questions et à mon plus grand bonheur, de me laisser lui tirer le portrait.

En quoi consiste le métier de tireur filtreur ? 

On connait le métier de tireur qui est plus du tirage noir et blanc, tireur filtreur c’est le nom donné a ceux qui font de la couleur aussi. C’est pour ça qu’on ajoute le terme de filtreur.

Quel est votre parcours et comment vous en êtes arrivé à ce métier ?

J’ai commencé en tant qu’apprenti dans les années 80 et ensuite une succession de laboratoires où j’ai travaillé. J’ai suivi une progression en apprentissage poussé seulement par le désir d’apprendre plus que par autre chose, puis quand je sentais que j’avais fait le tour de la question dans un laboratoire, que je ne pouvais pas m’exprimer plus, à chaque fois je cherchais à changer pour apprendre plus dans d’autres laboratoire qui était plus spécialisés et qui avaient d’autres démarches de tirage. À l’époque la plupart des laboratoires faisaient essentiellement les commandes commerciales que ce soit le tirage autour de tout ce qui était cosmétique, parfumerie, signalétique, installation ou communication, tout ce qui aujourd’hui est fait numériquement. Avant tout ça était fait dans des laboratoires en tirages grand format. On était en grande partie comme des opérateurs, on ne nous demandait pas d’avoir une très grande créativité ni une sensibilité mais plutôt d’avoir un travail très technique des images pour qu’elles soient jolies et intéressantes à regarder. Il y avait très peu de laboratoires qui travaillaient pour des photographes. C’était un métier très hiérarchisé vous ne pouviez pas vraiment vous exprimer librement et il fallait respecter certains codes, certains paramètres très orthodoxes, par exemple en tirage noir et blanc on devait avoir des noirs très profonds des blancs purs donc c’était très réglementé pendant son âge d’or dans les années 80/90.

Je me suis toujours senti à l’étroit mais j’ai pratiqué pendant toutes ces années parce qu’il fallait aussi que je gagne ma vie et aussi ça me plaisait mais j’ai toujours ressenti une certaine frustration et c’est pour cette raison que dès mes débuts, je rêvais d’avoir mon propre atelier pour pouvoir pratiquer mon métier à ma manière.

Quelles sont les exigences du métier ? Les qualités qu’il faut avoir ? 

C’est comme dans tous les métiers, il faut pratiquer de manière sérieuse. Vous pouvez faire un travail technique irréprochable et travailler seul dans votre atelier mais vous pouvez aussi comme dans d’autre métier vous afficher en tant que professionnel mais en réalité vous ne l’êtes pas, vous pouvez le faire par opportunisme, vous pouvez le faire parce que vous pensez que vous avez les capacités alors que vous ne les avez pas. Après il y en a d’autres qui ont un besoin de s’exprimer à travers leur métier et puis il y a aussi une envie de bâtir, de développer des projets et de transmettre, c’est très important. Parce que si vous travaillez seul, je parle en tant qu’artisan que vous soyez plombier , électricien… Si vous n’avez pas cet envie, ce désir de transmettre, de partager votre passion et de transmettre votre professionnalisme…