Audrey SABY – DNSEP 2024

Design des média Mention pour la qualité des productions

Tutorat théorique : Sophie Monville / Tutorat plastique : Maurice Huvelin

contact : @draxedstuff

Les travaux de mon mémoire portent sur la collection en lien avec le classement car, bien que distinctes, ces deux pratiques entrent en dialogue et présentent des similitudes. Selon Walter Benjamin, collectionner consiste à rassembler des choses dispersées, tandis que Georges Perec considère le geste de classer comme une tentative d’organiser le monde, une mise en ordre du chaos. En écho à la lutte contre la dispersion, je m’intéresse ainsi à la perte, à l’oubli, et au sentiment de contrôle que procurent les objets collectionnés à celui qui les possède. Parmi les questions soulevées, le besoin de possession et l’urgence d’ordonner font l’objet d’une attention particulière, car ils ouvrent des pistes sur des motivations comme le besoin d’être rassuré et la construction d’une image de soi à travers l’image que renvoient les objets et le désir d’accomplissement personnel par l’accumulation de biens matériels.
À ce titre, je questionne tout d’abord l’histoire des collections à travers un état des lieux de ses origines à la diversité des pratiques contemporaines en étudiant ses influences réciproques avec le classement. Puis dans un deuxième temps, je m’intéresse au concept de manières de faire développé par Michel de Certeau dans L’Invention du quotidien qui me permet d’aborder la vision organisatrice commune à ces activités, les façons dont elle se décline à travers différentes figures, et leur évolution à l’ère du numérique. Enfin, dans une dernière partie j’interroge ce qui se trouve à la croisée de ces pratiques et des supports, en abordant les questions de l’archivage et de la mémoire comme point de convergence entre les différents gestes et enjeux.
C’est ainsi que ce sujet se révèle être prétexte à l’exploration d’une problématique personnelle : mettre en scène mon rapport à l’existence et au temps. Je recentre alors mon travail sur la question de l’archivage de soi, avec une recherche plastique qui s’articule autour de la captation du quotidien. Cela passe par une mise en récit de moi-même, à travers diverses tentatives d’accumulation du présent, constituant autant de sauvegardes de mon existence à travers les éléments de la vie quotidienne.


The work in my dissertation focuses on collecting in relation to classifying because, although distinct, these two practices enter into a dialogue and present similarities. According to Walter Benjamin, collecting consists in bringing together scattered things, while Georges Perec sees the act of classifying as an attempt to organize the world, to bring order out of chaos. Echoing the struggle against dispersion, I’m interested in loss, oblivion and the sense of control that collected objects give to their owners. Among the questions raised, I give particular attention to the need to possess and the urgency to order things, as they open the way to motivations such as the need for reassurance and the construction of a self-image through the image conveyed by objects, and the desire for personal fulfillment through the accumulation of material goods. To this end, I begin by examining the history of collections, from their origins to the diversity of contemporary practices, by studying their reciprocal influences on classification. I then turn to the concept of manières de faire (ways of doing) developed by Michel de Certeau in L’Invention du quotidien, which enables me to address the organizing vision common to these activities, the ways in which it is expressed through different figures, and their evolution in the digital age. Finally, in the last section, I examine what lies at the crossroads of these practices and media, tackling the questions of archiving and memory as a point of convergence between the different gestures and issues at stake.
And so it was that this subject turned out to be a pretext for exploring a personal issue: staging my relationship with existence and time. I then refocused my work on the question of self-archiving, with an artistic research that revolved around capturing the everyday. This involves putting myself into a narrative, through various attempts to accumulate the present, constituting so many safeguards of my existence through the elements of daily life.