Mon sujet de DNA portait sur le dialogue entre un père et sa fille, les différents moyens qu’utilisent deux personnes ne parlant pas la même langue pour se comprendre. Cette année, je poursuis cette recherche en me centrant sur la communication non-verbale. À travers ce sujet, je me questionne sur les notions d’images/textes, le symbolisme universel, le langage et la transmission pédagogique.
Afin de m’informer davantage sur ce sujet, j’ai contacté une ancienne élève de l’ÉSAD Orléans, Lucie Bretonneau. Elle est actuellement médiatrice dans la galerie le POCTB à Orléans. Durant son diplôme, elle a cherché à ramener du partage et du lien dans les familles en renouant le dialogue entre l’enfant et l’adulte autour de l’écran. L’enfant manipulait l’écran pour construire un récit en étant accompagné de l’adulte. Son projet, nommé Habiter le monde, associe l’univers de la cabane, propre à l’imaginaire enfantin, et le téléphone mobile, comme support narratif et objet relationnel. Ce dispositif est composé de deux couches : d’abord l’objet imprimé avec une fresque réalisée à la peinture et inspirée de récits d’enfants et d’autre part quatre vidéos animées en réalité augmentée déclenchées par une application mobile. Les manipulations qui en résultent permettent de faire une passerelle entre l’objet imprimé et l’objet virtuel dans un même espace. C’est dans cette optique de transmission et de communication que je souhaite orienter mon diplôme.
Quelle est l’origine de ton sujet ?
J’ai pris des notes de ça et j’ai rapporté cette espèce de narrations aux formes. Par exemple, cette fourmi-là, qui pour moi ressemblait à une fourmi, mais qui était en fait, un dragon magique. Du coup, dans mes cahiers, je faisais la forme que j’avais vue. Enfin, souvent, je photocopiais, c’était d’ailleurs plus simple. Et je reportais à côté ce que c’était vraiment pour l’enfant. J’ai construit un répertoire, une banque de données de tous ces langages. C’est complètement un autre langage. Il y a beaucoup de choses qui se sont alimentées pendant deux ans en parallèle de pas mal de lecture, etc. Et au final, je me suis rendu compte que ce n’est pas juste avec les enfants que je travailles. C’est juste leurs façons de se construire, en fonction de leur personnalité, en fonction de leurs cultures, en fonction du milieu social aussi. Enfin, il y a plein de choses qui diffèrent mais n’empêche, c’est très riche en récit on va dire. Tu prends l’exemple avec n’importe quel enfant, tu lui demandes ce que c’est et ça va très loin. Donc ça m’intéressait beaucoup, c’est le point de départ on va dire.
Comment as-tu créé ces différents outils ?
On faisait du cas par cas. Par exemple, il y avait un petit garçon qui s’appelle Gabriel, pendant 2 ans, il n’a pas dit un seul mot, c’était perturbant. Mais par contre, c’était lui qui dessinait le plus. En une heure, il faisait 20 dessins de format A3, remplis ! Pour lui, il fallait créer des routines, des rituels un peu. Donc il savait que quand il arrivait, il retirait son manteau. Ensuite, il avait besoin d’aller chercher du papier. J’avais mis des feuilles de papier à sa hauteur. Ensuite, il allait chercher des crayons. Il voulait toujours être discret, s’il voyait quelqu’un sur son passage, il faisait demi-tour et ne prenait pas de crayons. Et il restait devant sa feuille.