Hugo DELATTRE – Masterant DM

Tutorat théorique : Marie Lechner / Tutorat plastique : Laurent Baude

artiste plasticien

EMILI (Etude Minéral Influence Lithium Image) provisoire

Je questionne les pratiques photographiques dans leur dimension écologique. J’interroge la matérialité des processus de documentation initiée par  la Mission DATAR jusqu’aux positionnements critiques de plasticiens contemporains sur la numérisation de l’appareillage photographique. Je m’appuie sur le travail de Siobhan Angus dans son ouvrage Camera Geologica qui raconte les liens étroits entre la photographie et l’industrie minière dans l’histoire des arts. Mon travail alterne entre une attitude documentaire et une pratique de l’enquête tant par la consultation d’archives, de textes institutionnels et d’articles journalistiques que de témoignages et photographies. 

A l’aune de la transition écologique, la nouvelle fièvre minière se concentre aujourd’hui sur les terres rares et les métaux critiques, indispensables pour opérer la double transition énergétique et numérique sujette à controverse selon l’historien Sébastien Fressoz.

Pour traiter de ces controverses j’ai ressenti le besoin de me confronter physiquement au terrain. Pour y répondre, je me suis intéressé à l’ouverture prochaine d’une mine souterraine de lithium à Échassière dans l’Allier. Son ouverture est prévue courant 2028 et la société exploitante du gisement Imerys la présente déjà comme la plus grande d’Europe, solution aux problèmes de souveraineté et de demande croissante en métaux critiques inhérente à la double transition. L’engouement citoyen suscité par cette ouverture a déclenché en moi une envie de documenter l’évolution du débat public conduit par la CNDP sur le terrain et, en parallèle, d’entreprendre un travail d’archivage photographique du paysage existant.  Cependant le projet de relocalisation de l’industrie minière en Europe se révèle comme l’obturateur d’une réflexion plus étendue sur les dépendances d’autres matières premières extraites sur d’autres continents pour produire les batteries ion-lithium comme le cobalt prélevé presque exclusivement en République Démocratique du Congo et qui ne bénéficie pas du même contexte d’extraction. Ce paradoxe déclenche également une remise en cause de ma pratique actuelle et interroge de nouvelles formes de production.