Séminaire du 20 octobre 2023
http://www.martinlechevallier.net/biographie.html
Martin Le Chevallier est artiste, réalisateur et parfois commissaire d’exposition.
Ses œuvres abordent des questions sociales, économiques et politiques. Elles prennent la forme de vidéos, d’installations, d’interventions in situ ou de processus. Il est représenté par la galerie Jousse Entreprise à Paris.
https://www.jousse-entreprise.com/art-contemporain/fr/artistes/martin-le-chevallier/
Biographie
Né en mai 68, Martin Le Chevallier développe, depuis la fin des années 90, un travail portant un regard critique sur les idéologies et les mythes contemporains.
Sa première pièce, le cédérom Gageure 1.0 (1999), une mise en forme labyrinthique du discours de l’entreprise, le conduit à explorer les possibilités de l’interactivité. Il conçoit ainsi des jeux (Flirt 1.0, 2000, un jeu de séduction constitué d’extraits de films noirs américains, puis Vigilance 1.0, 2001, un jeu de vidéo-surveillance), et des vidéos interactives. Lors de sa résidence à l’Académie de France à Rome en 2000-2001, il réalise ainsi Félicité, évocation d’une société utopique et oisive, puis Oblomov, adaptation minimale du roman de Gontcharov. Ce cycle de vidéos interactives se clôt avec Le Papillon (2005), récit d’une existence bouleversée par l’impatience du spectateur.
Les représentations qu’il propose de notre époque sont souvent constituées des outils et des processus qui la caractérisent. Il évoque ainsi les pathologies consuméristes par un serveur vocal téléphonique (Doro bibloc, 2003) ou l’utopie sécuritaire par une bande-annonce de ce qui nous attend (Safe society, 2003). En 2007, il réalise pour la Fiac un « article de foire », un polyptyque en bois peint rendant un hommage ironique à la politique de Nicolas Sarkozy (NS).
Il s’emploie depuis à fonder ces représentation sur une interférence avec la réalité. C’est ainsi qu’il a demandé à un cabinet de consulting de lui proposer une stratégie de conquête de la gloire (L’audit, 2008), qu’il s’est rendu en procession à Bruxelles pour y présenter un drapeau européen miraculé (The Holy Flag, 2009) ou qu’il a entrepris de sécuriser un bassin du jardin des Tuileries à l’aide de petits bateaux de police télécommandés (Ocean Shield, 2009). Dans le même esprit, il travaille à convertir la réalité en fiction: en installant un télescope touristique au-dessus d’un hypermarché (exposition « ralentir ses battements de paupières », 2010) ou en disposant des gradins d’amphithéâtre dans la vitrine de sa galerie, suggérant ainsi que la ville est un théâtre (Solipsisme, 2011). En 2014, il a répondu à l’appel à projet pour le pavillon français à la biennale de Venise 2015, en proposant de vendre ledit pavillon et de construire avec l’argent obtenu une île flottante et cosmopolite.
En contrepoint à ces projets contextuels, il poursuit un travail plus cinématographique. Ainsi L’an 2008 (2010), à la fois film et installation, propose un récit picaresque de la mondialisation, Le jardin d’Attila (2012) nous promène parmi d’autres mondes possibles et Münster (2016) relate le destin tragique d’une utopie communiste au XVIe siècle.